16 mai 2008

Consultation sur la justice et les prisons

Avec les peines planchers et la rétention de sureté, la justice fait l'objet de la politique la plus dangereuse du gouvernement. Une politique liberticide, populiste, inefficace et surtout complétement délaissée par l'opinion: les détenus ayant l'impossibilité de faire grève, ils ont une faible capacité de résistance...
Le Shadow Cabinet veut mettre fin à ce désintérêt et lance sa consultation publique pour inventer une nouvelle politique de justice.

Comment passer de l'objectif de la punition à celui de la réinsertion?
Comment concilier la situation des victimes et l'intérêt général de la société?
Quelles alternatives à la prison?

Pour plus d'infos:
- Le documentaire de Thomas Lacoste sur la rétention de sureté
- Le GENEPI: association d'étudiants d'enseignement aux personnes incarcérés et de réflexion sur la situation des prisons
- L'observatoire international des prisons qui publie des rapports sur la politique carcérale

9 commentaires:

Pignouf a dit…

Tout d'abord, une petite remarque: il est plus vendeur (comprenez électoralement parlant) de dire:
"Nous allons être stricte avec les délinquants, nous ne tolèrerons pas la récidive, nous allons être très méchant avec les méchants" que de dire "nous allons réinsérer ces individus qui n'ont pas intégré les codes que notre société s'est fixé".
REINSERER, on oublie que c'est le troisième objectif de la prison (après surveiller et punir). On ne peut alors s'empêcher de sourire: il faudrait réinsérer des individus... en les excluant, les stigmatisant, les laissant livrés à eux même pendant et après leur incarcération.
Certains sites proposent l'abolition des prisons et du code pénal. Sans en venir jusque là, le constat est sans appel, et il est fait dans un rapport de la Direction de l'Administration Pénitentiaire (s'intitulant "La prison vue de l'intérieur"):
* 60% des anciens détenus ont de nouveau à faire avec la justice
* 40% retournent en prison dans les 5 ans qui suivent leur libération.

Bref, le système pénitentiaire est à revoir dans sa totalité, et les peines planchers, les bracelets électroniques ou la rétention de sureté pour violeurs (dont le taux de récidive est lui autour de 1%) n'y changeront rien.

Anonyme a dit…

Utile à consulter :http://www.genepi.fr/UPLOAD/rubrique/pages/240/240_rubrique.php

Anonyme a dit…

Plutôt que surveiller et punir,

Protéger (la société) et réinsérer.

L'un de nos principaux problèmes tient à nos prisons elles-mêmes.

Comment ça marche ailleurs ? - ailleurs qu'aux Etats-Unis..

caroline (sc) a dit…

Avant des réformes de grande ampleur, je pense qu'une des premières choses à faire, c'est un travail d'éducation (comme sur beaucoup de sujets d'ailleurs - et pas forcément plus facile que des réformes de grande ampleur!). En effet, la prison est aujourd'hui vue comme la seule réponse pénale, ce qui n'est bien sûr pas le cas.
Il existe une sorte d'imaginaire social qui "stipule" que si l'on ne fait pas prison, on n'a pas été puni.
Le plus grave, c'est que beaucoup de solutions alternatives à la prison existent déjà mais elles sont dans les faits très peu utilisées. Par exemple, des aménagements de peines n'ont lieu que dans 6% des cas (ils ont même baissé de 14,5% en 2005!) le placement en semi-liberté est lui aussi très peu utilisé. Alors, peur de la magistrature qui n'utilise pas les dispositifs existant? Là aussi, un changement de "culture" ne ferait pas de mal.
Sources : CNCDH (Comission nationale consultative des droits de l'homme dans son rapport sur les alternatives à la détention de 2007).
Il faudrait aussi renforcer les services pénitentiaires d'insertion qui aujourd'hui ne représentent que 10% des effectifs des prisons alors qu'ils sont, je crois, au coeur du "service public de la prison" (!) : réinsérer.

caroline (sc) a dit…

Je suis pour une suppression de la prison pour les mineurs : d'autres alternatives plus humaines doivent être dévelopées : centres d'éducation fermés mais où toute l'action s'oriente vers la réinsertion (voire l'insertion tout court dans beaucoup de cas...), chantiers d'apprentissage pour apprednre un métier par exemple.

Pignouf a dit…

C'est l'histoire de Manuel, 27 ans. Un garçon "fragile, hypersensible" et qui souffre de "trouble de la personnalité".

Mais surtout, Manuel est homosexuel. En 2004, il est condamné à 2 ans d'emprisonnement pour prise de stupéfiants. Une fois incarcéré, son homosexualité est divulguée dans tout l'établissement pénitentiaire.

Il subit alors les insultes, le mépris, les brimades des codétenus. Les surveillants sont au courant de cette situation, mais l'homophobie ne semble pas les déranger. En conséquence, Manuel ne sort plus de sa cellule, et s'y cloitre 24h/24.

2 mois avant sa sortie conditionnelle, il bénéficie d'une permission. Mais alors qu'il s'apprête à sortir, un détenu le frappe, tuméfiant la moitié de son visage. Il décide qu'il ne retournera plus en prison, et s'enfuit.

Pendant presque trois ans, il vit "une période honnête et heureuse, il travaillait en CDI dans la restauration". Mais son passé le rattrape, et le 6 mars dernier, il est réincarcéré. Le soir même, à 19h, les gardiens le retrouvent pendu dans sa cellule.

Cet article de Libération nous livre un exemple supplémentaire de l'inefficacité de notre système pénitentiaire...

Pignouf a dit…

"Et un commentaire de plus, un !" je sais, c'est encore moi, mais décidément ce sujet me passionne !

Pour rappel, des mesures alternatives à la prison existent déjà, mais ne sont que très peu appliquées, bien qu'elles présentes des résultats réellement encourageants.

Cet article de la LDH - Toulon revient sur les différentes mesures, dont voici un rapide aperçu que je vous livre :

> les services pénitentiaires d’insertion et de probation (SPIP), qui sont des milieux ouverts ou fermés selon les cas, et dont l'ambiance est beaucoup moins "carcérale"
> le travail d’intérêt général, prononcé avec le consentement du détenu sur le principe
> les peines privatives ou restrictives de droit

mais aussi, dans le désordre:

placement avec surveillance électronique ; suppression des droits civiques (vote et éligibilité), civils et de famille; interdiction d’aller et venir ; interdiction de séjour ; interdiction de quitter le territoire, de pénétrer dans certains lieux ; exclusion de marchés publics ; fermetures d’établissement ; suivi socio-judiciaire ; injonction de soins ; interdiction d’activités avec des mineurs ; confiscation générale ; affichage du prononcé (peine infamante)

Rappelons au passage, qu'en plus d'être au moins aussi efficace que la prison, ces alternatives sont BIEN MOINS CHÈRES que la détention!

Za a dit…

Disons qu'il y a trop de choses cités plus haut pour que je me rappel de tout ce dont je voulais parler. Mais ces altérnatives restent toujours indépendante de la gravité des acts commis, à moins que ce soit réélement de ça que vous voulez parler, des "petites peines" qui n'en sont finalement pas vraiment? C'est ce que je m'attendais le plus à voir, finalemnt non.

Pour l'exemple cité par Pignouf plus haut, à propos de Manuel, je ne pense pas que ce soit la prison qu'il faille blâmer, mais bien la connerie humaine, aussi bien des autres detenus que des matons.
On devrait donner une peine différente à cette personne sur le simple fait qu'il est homosexuel et donc court un risque en prison? Parce que d'autres personnes sont inhumaine ? Tu es sûr que c'est la prison qu'il faut blâmer ?

Après je comprends que mon avis diffère, quand pour moi la prison est faite en effet pour punir et surveiller ET en troisième lieu car c'est tout de même le but final, la réinsertion.

Pour les altèrnatives cités en dernier, sans prendre en compte "les petites peines" (car je me doute que le dealer ne fera pas ce que je vais citer) qu'est ce qui empêcherai une personne violente, un meurtrier, un violeur, un pédophile de ne pas récidiver ? Son bracelet à la cheville ? Son interdiction de venir ou quitter une ville ? Son interdiction de travailler avec des mineurs ou d'aller dans certaines manifestations publiques ?
Je trouve que ça fait beaucoup "d'interdictions" pour une personne qui à la base à violé de premiers interdits...

Qu'est ce qui l'empêchera peut être de recommencer ? la "peur" de la prison, si on diminue cette peur pour les personnes qui en ont justement le plus besoin, je ne vois pas les frontières qu'ils pourront se définir.

Pour être franc, j'ai un gros doute quant au sujet quand je vois certaines réponses. En effet, ce qui est certainement mal définis, c'est le "taux" de gravité pour appliquer les alternatives (même si ces dernières sont très peu utilisées). Reste à faire une part juste des choses...

Et voilà, trop de choses à dire, et je me suis embrouillé, j'ai pas des talents d'écrivains désolé.

Pignouf a dit…

Cher Za,
Voici quelques éléments de réponses:
> concernant "l'exemple de Manuel", bien sûr "la connerie humaine" est en jeu. Mais la surpopulation, le mélange des détenus dangereux et faiblement dangereux, etc. ne fait que l'accroître d'autant plus.

> Si la peine de prison servait réellement à dissuader, alors les Etats Unis (et bien d'autres) n'auraient plus de criminalité, grâce à la peine de mort. La relation dureté de la peine/baisse de la criminalité n'a jamais été prouvée.

De plus, nous dénonçons l'acharnement politique (via la rétention de sureté notamment) et médiatique sur "ces monstres qui pourraient recommencer", alors que leur taux de récidive est de 1%...(voir commentaire ci dessus)

Pour conclure, je considère que la prison est dans la plupart des cas inadaptée à son rôle premier : protéger la société des individus dangereux. Les individus qui ne sont pas une menace directe doivent être sanctionner, mais plus intelligemment. Je t'invite à lire l'article qui vient de paraitre "sortons du tout prison", et à y réagir bien évidemment !

 

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